mardi 6 novembre 2007

Compte rendu de la sortie du 9 juin 2007




Avant d'essayer de résumer cette belle journée de samedi dernier que nous avons été nombreux (36) à partager, une mention spéciale, un grand merci et une énorme et unanime ola pour Serge qui était très soucieux de tous nous satisfaire et nous faire partager son enthousiasme pour ces jardins qu'il aime tant. Le voilà rassuré, c'est une réussite !


Après un départ bien matinal, la traversée des vignobles du haut Vaucluse accrochés aux pentes des dentelles de Montmirail, une pause-café très attendue à Mazan, une vue à partir du col des Abeilles sur la magnifique pleine de Sault (à son apogée en juillet par le contraste des champs de céréales -essentiellement d'épeautre- et de lavandes), et quelques délicieux virages habilement négociés par notre transporteur préféré, nous sommes arrivés sur le site impressionnant de l'Abbaye de Valsaintes.





Perché sur un promontoire rocheux, au centre d'une vallée elle-même située en haute Provence, ce lieu reste chargé de symboles et de mystère. Lieu de culte immémorial, nos ancêtres du paléolithique s'y sentaient déjà plus près du ciel ! La roseraie ourle soigneusement les pieds de l'abbaye, se faufile dans chaque repli du rocher, dégouline doucement des murets, déborde sur les marches de pierre et se mêle joyeusement à une garrigue savamment et patiemment reconstituée . Merci aux jardiniers qui veillent sur le dragon de pierre endormi et le parent de fleurs ! Nombre d'entre nous ont été surpris de la présence ici de très nombreuses roses modernes, association audacieuse et finalement tout à fait harmonieuse. Jean-Yves Meignen nous a narré longuement l'histoire du lieu, l'épopée de sa restauration, ainsi que son souci permanent de n'employer que des méthodes culturales respectant la nature environnante.

La matinée s'est terminée dans la pépinière qui nous a ffert une excellente sélection des rosiers du jardin, multipliés d'ailleurs sur place.



Nous avons pique-niqué parmi les boulinettes, sous les chênes du pigeonnier, petit repos bien mérité avant de reprendre la route.
Elle était d'ailleurs bien jolie la route que nous avons suivie jusqu'à Mane, avec au loin, Simiane la Rotonde, Banon, Forcalquier,.. et enfin le magnifique Prieuré de Salagon.




François Tessari, qui supervise les jardins de ce lieu magique, nous attendait pour une visite guidée de 2 heures vraiment passionnante. Découverte d'un jardin de simples ingénieusement organisé. Ces plantes modestes, encore présentes autour de nos maisons, sorties de la nature ou retournées à l'état sauvage et dont nous avons découvert à quel point elles étaient autrefois utiles. On se plait à penser que chacune donnait aux gestes d'un quotidien souvent difficile pour nos aïeux, la poésie qui nous manque tellement aujourd'hui. Le jardin des senteurs ensuite, tellement plein de surprises, parfois délicieuses, mais pas toujours agréables ! Sujet de polémiques : le calycanthus virginicus sent-il le vinaigre, le fruit aigre ou le vomi de bébé ?... le débat reste ouvert. --Interlude pluvieux...-- Le temps de découvrir la formidable librairie du prieuré ( j'aimerais bien que l'on m'oublie derrière un rayonnage pour y être enfermée une nuit entière !...) Mais la visite reprend toujours aussi passionnante avec le jardin de la noria, petit espace qu'il faut arpenter à pas de loup, dédié au calme et à la méditation face à l'harmonieuse façade de pierre,…... revenons ici seuls……! Suit le jardin médiéval, un des plus simples et des plus jolis qui soient, y flotte un peu partout le parfum sucré des roses centifolia de Provence , toutes alanguies, alourdies de gouttes d'eau. Ce jardin, à la fois enchanteur et rigoureux nous a tous charmés, les plantes médicinales ou magiques, les comestibles aux saveurs oubliées sont présentés conformément aux conventions de l'époque dans des carrés bordés de jolis plessis. On a l'impression que rien n'a bougé et que ce jardin est là depuis toujours. Un coup d'œil rapide au jardin du chêne blanc, nouvelle réalisation, jardin expérimental qui reconstitue l'espace naturel environnant, plus exactement (je crois), l'étage collinéen du chêne pubescent (pardonnez-moi si je me trompe !), aux fins d'étudier l'évolution du milieu... pour les savants, botanistes, écologistes, entomologistes, biologistes, climatologues,...et pour ceux qui n'ont pas le courage de grimper sur la montagne, ou le temps de faire la sieste dans l'herbe des collines, les pauvres ! Beau voyage dans le temps, mais aussi dans l'espace, le jardin des temps modernes, jardin de découvertes, demanderait des heures de visite pour explorer chaque continent et étudier les petites merveilles qui se présentent à chaque détour d'allée, tous les gourmands de raretés comprennent que c'est un peu notre jardin du paradis. Décidément tout porte ici à la réflexion car ce jardin nous rappelle également à quel point notre univers végétal (et alimentaire !) pouvait être différent il y a seulement quelques siècles avant les nombreuses trouvailles ramenées du monde entier par nos grands explorateurs (pour ceux qui désirent approfondir : cf le remarquable livre de Jean- Marie Pelt "La cannelle et le panda"). Difficile de s'arracher de cet endroit car tous ces jardins ont une âme. Ils retracent l'histoire de cette région, nous imprègnent de cette nature sauvage, magnifique, de ces paysages provençaux aussi beaux que rudes (Giono n'est pas loin) et nous attachent à ces hommes qui les ont façonnés à leur image. Petites mouches en promenade sur les pages de la plus belle des encyclopédies parce que vivante, odorante, bruissante d'insectes et chantante de trilles, nous nous sommes gorgés de la science des chercheurs et des botanistes avec plaisir et sans effort.




C'est certain, nous y reviendrons !

Yasmine

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